Le théâtre de la Ville, toute une histoire

Depuis 180 ans, le Théâtre de la Ville de Valence est un monument emblématique pour les Valentinois. Dès le 18e siècle, des travaux d’embellissement commencent à voir le jour : pavage des rues, éclairage public. Mais c’est au 19e siècle, que la ville s’engage dans une politique de grands réaménagements urbains.

La première pierre d’un théâtre digne de ce nom est posée à Valence en 1827. Il n’y avait jusqu’alors qu’une modeste salle de spectacles installée dans l’ancienne chapelle Notre Dame après la Révolution  puis dans l’Hôtel de Mars, ancien manège pour la cavalerie (emplacement actuel des immeubles entre la rue Balthazar Baro et le Boulevard Vauban, face à l’actuelle préfecture). Valence, ville militaire, se doit notamment de divertir ses gradés.

Le 31 mars 1824, la Ville accepte la demande d’un groupe de citoyens, réunis en une société d’actionnaires désireux de construire un théâtre à ses frais, sur un terrain de 17 m de large sur 50 m de long en démolissant la chapelle et la cure du couvent Sainte-Marie donné à la Ville par Napoléon, où se trouve déjà l’hôtel de ville. Après dix ans de travaux, le bâtiment, conçu au départ par l’architecte-voyer de la Ville Etienne Javelas mais modifié deux fois, sort de terre. Il n’est pas terminé lorsqu’il accueille en 1835, ses premières représentations. De nombreuses difficultés, techniques et financières, ont ralenti les travaux et obligent la Ville à apporter sa contribution financière pour achever l’édifice.

1837 : inauguration officielle

L’inauguration officielle a lieu le 3 juin 1837 avec au programme La Dame blanche, opéra-comique de Boïeldieu (musique) et Scribe (paroles), et la comédie-vaudeville La Marraine de Scribe, Lockroy et Chabot. Le théâtre est alors l’occasion pour les dames de la bourgeoisie de sortir. Il accueille également des bals où le tout-Valence vient se divertir.

Apres son rachat par la Ville en 1867, des travaux intérieurs de rajeunissement du bâtiment sont entrepris entre 1885 et 1887, à la demande du maire Joseph Belat, sous la houlette d’un autre architecte-voyer Louis Jacquier : modification des escaliers d’accès, de la scène, déplacement des loges d’honneur latérales en raccourcissant les galeries,… pour apporter plus de confort et surtout une meilleure visibilité et acoustique. Quant au café, installé au rez-de-chaussée, il disparaît pour offrir plus d’espace à l’accueil du public.

 

Un théâtre à l’italienne

Avec les travaux de 1886, la salle transformée et mieux adaptée se dote d’un nouveau décor évoquant la fonction du lieu. Les loges sont ornementées de cariatides et atlantes. Petits salons particuliers, pour l’un réservé au maire et l’autre au préfet, elles isolent la bonne compagnie du commun, tout en s’exposant au regard des spectateurs. Aux balustrades des galeries, des gypseries blanches et or décorent  des panneaux sur lesquels alternent des chutes de feuillage, des médaillons en camée et des cartouches portant des noms de compositeurs célèbres. Le plafond à coupole, traité en un trompe-l’œil d’architectures et vases de fleurs se découpant sur un ciel bleu aux nuées roses, cite les quatre genres, tous présents dans la programmation du théâtre : drame, comédie, opéra et vaudeville. Un esprit populaire avec lequel renoue aujourd’hui la saison culturelle proposée par la Ville de Valence.